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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 10:27

 

A la limite de l’objectif et du subjectif, une telle approche peut paraître délicate.

Elle ne vise pourtant pas à prouver quoi que ce soit, mais à inciter à la réflexion.

Il n’est pas question de vouloir simplifier ou réduire l’extraordinaire complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-éducatifs. Pas plus que de chercher à minimiser la part de liberté individuelle. N’est-il pas légitime cependant de compléter son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, anthropologique, sociologique, etc…) par une approche neuroscientifique, bien qu’encore très partielle, afin de mieux comprendre l’origine et la fréquente persistance de la foi ?

 

Actuellement, n’est-il pas évident que le respect des libertés constitutionnelles de conscience, de pensée et de religion est en fait plus symbolique qu’effectif ?

La liberté d’exprimer sa religion, ou d’en changer, ne devrait-elle pas être précédée par celle d’en avoir une OU de ne pas en avoir ?

 

J’observe que, statistiquement, la liberté de croire ou de ne pas croire est souvent compromise, à des degrés divers, par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale, forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents, et confortée par l’influence d’un milieu culturel unilatéral puisqu’il exclut toute alternative laïque non aliénante.

L’éducation coranique (c’est un fait sociologique) en témoigne hélas à 99,99 % …

 

Comme l’avait déjà compris  Desmond MORRIS, en 1968, dans « Le Singe Nu », Richard DAWKINS estime, dans « Pour en finir avec dieu », que du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’a pu survivre que parce que l’évolution animale avait pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant dépendant, et  totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu …).

Cela expliquerait que toutes les religions aient réussi aussi longtemps (mais de moins en moins sous nos latitudes) à imposer la soumission à un dieu et à des textes « sacrés », et que les sectes réussissent à exploiter la « quête de sens »...

 

Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, a montré, sans doute à son grand dam, qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et que la religiosité à l’âge adulte en dépend (et donc aussi, depuis toujours comme mécanisme de défense, la capacité évolutive du seul néocortex humain à imaginer un « Père » protecteur, substitutif et anthropomorphique, fût-il rationnellement qualifié d’ « authentique, épuré, présence Opérante du Tout-Autre », etc …

 

Par ailleurs, des neurophysiologistes ont constaté que chez le petit enfant, alors que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures, les amygdales (centres de la peur, et donc pas celles de la gorge mais du cerveau émotionnel) sont déjà capables, dès l’âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des comportements religieux des parents, …, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces « traces » neuronales, renforcées par la « plasticité synaptique », sont indélébiles …

 

Des neurophysiologistes ont d’ailleurs observé - l’ IRM fonctionnelle le confirme - que le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent anesthésiés à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion.

 

Cela expliquerait la difficulté, voire l’impossibilité, pour bien des croyants de plus de 25 ans environ, sans doute par autodéfense, de remettre leur foi en question, même si elle leur fait plus de tort que de bien, et de s’ouvrir à la différence enrichissante de l’autre. On comprend que, dans ces conditions, certains athées comme Richard DAWKINS, ou certains agnostiques, comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, aient perçu l’éducation religieuse précoce, bien qu’a priori sincère et de « bonne foi », comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. A mes yeux, critiquer les religions et leurs dérives (inégalité des femmes, excisions, …) est, et doit rester, un droit fondamental (comme bien sûr la croyance en un dieu, mais elle est d’autant plus respectable qu’elle aura été choisie plutôt qu'imposée …).

 

Même si, pour s’adapter à l’évolution des mentalités, l’enseignement confessionnel

a récupéré certaines valeurs laïques, il  n’a pas renoncé à maintenir sa mainmise sur les consciences ... Son « projet éducatif » en témoigne. Il reste élitiste et inégalitaire, il favorise le repli identitaire, le communautarisme, et est donc obsolète. Dans un souci de neutralité et de qualité, après cinquante ans de « pacte » scolaire » belge , n’est-il pas grand temps qu’il fusionne avec l’enseignement officiel, à tous les niveaux (et d’ailleurs pour d’évidentes raisons économiques) ?

 

Mieux : dans un souci de réduire les inégalités socioculturelles, l’école - enfin devenue pluraliste - devrait compenser l’influence des parents, certes légitime et constitutionnelle mais unilatérale, - ne leur en déplaise ! - par une double information minimale, objective et non prosélyte :  d’une part, au cours d'histoire, sur le « fait religieux » (certes « l’amour du prochain », mais aussi, hélas, la soumission inhérente à toutes les religions, la part de responsabilité des trois religions monothéistes dans l’origine de l’intolérance, de la violence et des guerres, …), ET d’autre part, sur le « fait laïque » (l’humanisme laïque, ses principes de libre examen, d’esprit critique, d’autonomie et de responsabilité individuelle, ses valeurs universalisables - puisque bénéfiques à tous, telles que le respect de la dignité humaine -, ses options, ses objectifs, la spiritualité laïque, …, actuellement occultés).

 

Cela permettrait enfin à chacun de choisir, en connaissance de cause et aussi librement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses, d’améliorer l’adaptation des jeunes à l’actuelle pluralité des cultures et des convictions et de tendre ainsi vers un meilleur « vivre ensemble » et une réelle citoyenneté.

Vivement, partout, un débat tous azimuts à ce sujet !

 

Michel THYS, à  Waterloo. 
http://michel.thys.over-blog.org

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commentaires

V
Bonjour, M. thys.<br /> J'aime beaucoup vos articles. Je me suis d'ailleurs inspiré de votre article sur Fabula pour un de mes articles sur mon blog sans votre autorisation...<br /> Je ne comprends toujours pas que l'on parle de libertés individuelles sans parler de la liberté évolutionnaire. je suis heureux de voir que je ne suis pa le seul. Ouf, le simple bon sens n'a pas disparu totalement.<br /> Victor Bonjean
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