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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 17:33

Face à la laïcisation croissante de la société, du moins sous nos latitudes, et bien que la foi relève de la sphère privée, toutes les religions réagissent par des tentatives de réinvestissement des consciences, de re-confessionnalisation de l'espace public et de néo-cléricalisme politique, surtout depuis Jean-Paul II, Benoît XVI, le "chanoine-président" Sarkozy 1er et autres évangélistes ou créationnistes...
 Il n'est évidemment pas acceptable que certains prescrits religieux prévalent parfois sur la loi.

L' Etat, qu'il soit français ou belge (quand inscrira-t-il enfin  la laïcité dans sa Constitution ? ! ), a une obligation de neutralité, et est censé "garantir" la liberté de conscience et de religion. Mais avant de prétendre garantir (théoriquement) la liberté d’exprimer sa religion, ne faudrait-il pas d'abord garantir (pratiquement) la liberté d'en avoir une ou de ne pas en avoir , afin d'être en mesure de choisir de croire ou de ne pas croire ?

 Hélas, aussi bien en France qu'en Belgique, malgré la différence de conception de la laïcité, les laïques ne se préoccupent "que" de la défense du principe de séparation des Eglises et de l'Etat.
Rien n'est fait nulle part pour que chacun soit informé des diverses options philosophiques autres que la croyance : le déisme, l'agnosticisme, l'incroyance, l'athéisme, la libre pensée, la franc-maçonnerie adogmatique, ...
On craint sans doute d'être taxé de prosélytisme laïque ou d'intolérance.
Personne n'ose rappeler que, le plus souvent, la liberté de croire ou de ne pas croire est compromise, à des degrés divers, par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective puisque fondée sur l'exemple et la confiance envers les parents, ainsi que par l'influence d'un milieu culturel excluant toute alternative humaniste non aliénante, et n'est-elle donc pas plus symbolique qu'effective. 
 L'éducation coranique (c'est un fait sociologique) en témoigne à 99,99 % ...
 
N'est-il pas temps de tenir compte d'approches inhabituelles ?
Ainsi, Richard DAWKINS a  expliqué que jadis, du fait de son cerveau tout à fait immature, le petit de l'homme n'aurait jamais pu survivre si l'évolution ne l'avait pas pourvu de gènes le rendant totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu ).
Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l'Université catholique de Louvain, a montré qu'en l'absence d'éducation religieuse, la foi n'apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l'âge adulte en dépend ? (et donc l'aptitude à imaginer un "père" protecteur, substitutif et anthropomorphique, fût-il "Présence Opérante du Tout-Autre" ...).

D'autre part, des neurophysiologistes ont établi (je simplifie à outrance ...) qu'avant les hippocampes (centres de la mémoire explicite), les amygdales (pas celles de la gorge mais du cerveau émotionnel ! ) sont déjà capables, dès l'âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients, tels que les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur.

Ces chercheurs ont constaté, par l'IRM fonctionnelle, que le cortex préfrontal et donc aussi bien l'esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s'en trouvent anesthésiés, à des degrés divers, indépendamment de l'intelligence et de l'intellect, du moins dès qu'il est question de religion (ce qui expliquerait la difficulté, voire l'impossibilité, pour bien des croyants, de remettre leur foi en question et leur fréquent besoin de prosélytisme).

N'est-il pas logique et légitime dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l'éducation religieuse, bien qu'a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale ?

Loin de vouloir simplifier ou réduire la complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des facteurs psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n'est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle par une approche neuroscientifique, bien qu' encore très partielle, afin de mieux comprendre l'origine et la fréquente persistance de la foi et donc de permettre à chacun de choisir, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses ?

N’est-il pas grand temps dès lors de repenser le rôle de l' Etat, mais aussi celui des parents et des enseignants croyants qui devraient se demander si, de nos jours, ils ont encore moralement le droit, fût-il constitutionnel, de transmettre la même éducation que celle qu'ils ont reçue, de plus en plus inadaptée à la modernité ?

Sans se départir de sa neutralité, et au-delà du cours d'histoire, l’école ne devrait-elle pas compenser l'influence unilatérale de la famille et celle d'un milieu religieux exclusif, par une information minimale, objective et non prosélyte, non seulement sur le « fait religieux »,  mais AUSSI, et pour réduire les inégalités socioculturelles, sur le « fait laïque », ce qui ferait découvrir aux jeunes qu'avant toute rationalisation (
a posteriori), les religions incitent toutes à la soumission, tandis que la laïcité prône au contraire l'autonomie et la responsabilité individuelle ?

N'est-il pas important  que les parents croyants sachent que la laïcité philosophique, bien qu'elle refuse toute référence divine et qu'elle conteste le droit d''imposer la croyance, n'est pas pour autant antireligieuse, et qu'elle vise seulement à faire connaître l'alternative de l'humanisme laïque, ses principes, ses valeurs, ses fondements, ses options et ses objectifs, actuellement occultés ?

N'est-il pas indispensable de découvrir que, loin de se fonder sur la soumission à des "Commandements"  et à des "textes sacrés", la morale laïque s'appuie sur le libre examen, l'esprit critique à tous points de vue, développe une conscience morale autonome, et incite à  une spiritualité laïque dans le but de donner un sens à l'existence, autrement que par la spiritualité religieuse ?

Ne faudrait-il pas dès lors, organiser tant en France qu'en Belgique, un véritable débat national et oser repenser, dans l’intérêt supérieur de l’enfant, certaines notions fondamentales telles que la neutralité de l' Etat, la liberté constitutionnelle d'enseignement, la transmission des valeurs et les limites de la tolérance vis-à-vis des prétentions des religions à imposer leurs vérités exclusives, aussi bien celles du catholicisme, du judaïsme, du christianisme évangélique, de l'islamisme et des sectes que celles inspirées par d' éventuels relents d'athéisme idéologique et dogmatique ?

Quant à l'enseignement confessionnel, survivance obsolète, inégalitaire et élitiste du Moyen Âge, ne devrait-il pas faire place (après 50 ans de "pacte scolaire" en Belgique) à " l'école pluraliste", mise au frigo depuis 34 ans et, sans crainte d' encore introduire le loup dans la bergerie, à la fusion des réseaux officiel et privé, du primaire à l'universitaire, ne fût-ce que pour des raisons économiques ?

N'est-il donc pas légitime que la laïcité, tant politique que philosophique, bien qu'elle soit rétive à tout prosélytisme, se montre à présent non pas plus combattante mais plus fermement attachée à ses principes et à ses valeurs, plutôt que conciliante, frileuse, voire laxiste, afin de promouvoir enfin un meilleur  "vivre ensemble" au sein d'une société interculturelle et ouverte à une réelle citoyenneté ?

 

Michel THYS, à Waterloo. michelthys@tele2allin.be

 

 

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commentaires

M
Bonjour Monsieur SIMARD,<br /> Il me semble vous avoir déjà répondu, en des termes différents, que vos formulations mathématiques sont certes intéressantes, mais que leur application à des phénomènes humains non mesurables,<br /> parce que subjectifs, me paraît discutable.<br /> Bien à vous,<br /> Michel THYS
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C
Voir mon blog(fermaton.over-blog.com),No-15, - THÉORÈME DE L'ATHÉE. - ATHÉISME ET MATHÉMATIQUES ?
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