Voici ma réponse à :
https://theconversation.com/education-au-fait-religieux-ou-en-est-on-65761
Bonjour,
Puis-je exprimer un autre point de vue ? Certes, un minimum de culture religieuse, adapté à chaque âge, est indispensable lors d'un cours d'Histoire ou de philosophie (la Trinité n'est pas qu'une station de métro !). Mais est-ce suffisant ? «Partir des textes et des oeuvres pour approcher le religieux », n'est-ce pas favoriser hypocritement le prosélytisme des religions lorsqu'elles sont en perte de vitesse ?
N'est-il pas plus important de faire découvrir ce que toutes les religions ont en commun depuis toujours, fût-ce à des degrés divers : la soumission (totale dans le cas de l'islam) à un dieu, à des textes « sacrés », etc., ce qui, au-delà des influences idéologies, induit l'intolérance, le communautarisme, les violences, etc ?
N'est-il pas au contraire impératif de développer chez le plus d'adolescents possible l'esprit critique, l'autonomie, la responsabilité individuelle, l'acceptation de la différence de l'autre , etc ?
N'est-il pas plus honnête, intellectuellement et moralement, de les amener à se demander si les dieux, objectivement absents depuis toujours, ont une existence réelle ou seulement psychologique, subjective et imaginaire, à la suite d'une éducation religieuse précoce et d'un milieu culturel unilatéralement religieux ?
N'est-il pas plus pertinent de leur faire prendre conscience de l'influence que des centaines de millions d'années ont eue sur l'évolution des espèces animales et végétales, ce qui exclurait enfin le recours antiscientifique au créationnisme ?
Les jeunes pourraient alors choisir, aussi librement que possible et en connaissance de cause, de croire OU de ne pas croire ... Ce n'est hélas pas le cas dans des pays pourtant intellectualisés comme les USA notamment : les Américains restent croyants ou déistes à près de 95 % parce que les options non confessionnelles leur ont été occultées !
Comment expliquer leur fréquente imperméabilité aux arguments rationnels et scientifiques ? Il est actuellement acquis que, dès l'âge de 3 ans, les influences à forte charge affective, imprègnent le plus souvent de manière indélébile les amygdales du cerveau émotionnel, puis rationnel, indépendamment de l'intelligence et de l'intellect ultérieurs, et qu'elles se renforcent au fur et à mesure des expériences religieuses. Régis Debray ne semble jamais s'être intéressé à cette approche contemporaine, psycho-neuro-physiologique ...
Enfin, il serait temps, à mes yeux, de remettre en question notre conception obsolète, laxiste et électoraliste de la tolérance et de la neutralité, lorsqu'elle favorise paradoxalement les revendications inspirées par des prescrits religieux.