Evidemment sans espoir de réponse et donc pour la forme ...
Lors de la manif. de samedi, j'ai causé avec Chemsi Chereff Khan, mais apparemment, je n'y ai vu aucun autre membre du C.A.L. (qui a quand même le mérite d'avoir reconnu s'être trompé, même si ce revirement ne fait pas l'unanimité en son sein).
A la suite de l'installation des "Assises de l'Interculturalité" le 21 septembre, voici ce que j'ai écrit à Elio DI RUPO, Joëlle MILQUET, Jean-Michel JAVAUX et Edouard DELRUELLE.
Puis-je modestement vous suggérer quelques pistes de réflexion ?
1. Les rencontres interculturelles, les bonnes intentions, comme il y a cinq ans et le 21 septembre, mêmes répétées, sont symboliques et ne feront pas disparaître le communautarisme. Je crains qu’un vrai dialogue interculturel ne soit pas possible avant au moins une ou deux générations, et encore, à condition qu’il soit initié dès le plus jeune âge, lorsque les enfants n’attachent aucune importance aux différences, quelles qu’elles soient.
2. Hélas, à notre époque de pluralisme des cultures et des convictions, notre système éducatif continue à subsidier deux réseaux, favorise le communautarisme et est donc devenu obsolète. Certes, il s’appuie sur la liberté constitutionnelle d’enseignement, mais en fait, le respect des libertés constitutionnelles de conscience, de pensée et de religion est plus symbolique qu’effectif …
L’éducation coranique en témoigne hélas plus que toute autre : la Déclaration des Droits Humains de 1948 est bafouée (« Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction (…) » !
3. Les exigences inspirées par la charia se multiplient du fait que l'Etat et certains politiciens opportunistes témoignent d'une conception laxiste de la neutralité et de la "tolérance", ce qui favorise indirectement les religions et le communautarisme. Le principe de laïcité politique, condition sine qua non de la coexistence pacifique entre les religions, ainsi qu’entre croyants et incroyants, n’est toujours pas inscrit dans la Constitution !
4. Même si l’enseignement confessionnel, majoritaire à 60 % dans le secondaire, a récupéré certaines valeurs laïques, il maintient son projet éducatif unilatéral, il reste élitiste et inégalitaire, il favorise le repli identitaire, le communautarisme, et il est donc obsolète. Dans un souci de neutralité et de qualité, après cinquante ans de « pacte » scolaire », n’est-il pas grand temps qu’il fusionne avec l’enseignement officiel, à tous les niveaux (et d’ailleurs pour d’évidentes raisons économiques) ?
5. Dans un souci de réduire les inégalités socioculturelles, l’école - enfin devenue pluraliste - devrait compenser l’influence affective et marquante des parents, certes légitime et constitutionnelle mais unilatérale, et confortée par celle d’un milieu croyant exclusif, en proposant à tous une double information minimale, progressive, objective et non prosélyte : d’une part, au cours d'histoire ou de philosophie, sur le « fait religieux » (les différentes religions, ce qu’elles ont en commun), ET d’autre part, sur le « fait laïque » (la laïcité philosophique -qui n’est pas antireligieuse-, ses options, ses objectifs, la spiritualité laïque, l’humanisme laïque, ses principes de libre examen, d’esprit critique, d’autonomie et de responsabilité individuelle, ses valeurs universalisables puisque bénéfiques à tous, telles que le respect de la dignité humaine, l’ouverture et l’acceptation de la différence enrichissante de l’autre,.etc …
6. Cela permettrait enfin à chacun de choisir, en connaissance de cause et aussi librement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses, d’améliorer l’adaptation des jeunes à la modernité et de tendre ainsi vers un meilleur « vivre ensemble » et vers une citoyenneté responsable.
Vivement un débat tous azimuts à ce sujet, et enfin des ACTES !
Michel THYS à Waterloo.