Je n’ai pas tenté d’engager un dialogue avec Henri ATLAN : nos points de vue sont en effet trop divergents, mais cela n’implique évidemment pas que le mien soit plus exact que le sien :
- Mon « analyse neurophysiologique de la foi en Dieu » ne me paraît pas « limitée à un modèle monothéiste, le plus souvent réduit au seul catéchisme chrétien », mais s’applique à toutes les croyances religieuses.
- Si ce n’est pas « l’Evolution dans des processus adaptatifs qui a fabriqué tout ce qui existe », qui cela pourrait-il être ? On ne peut évidemment qu’ « imaginer après coup des scénarios explicatifs ».
- La théorie des « gènes égoïstes » de DAWKINS me semble en effet contestable : pourquoi vouloir expliquer prioritairement tous les comportements humains, dont la foi, par des gènes, plutôt que par l’éducation, dont l’influence me paraît prépondérante ?
- Certes, « l’anthropologie constate les comportements humains », tels que la foi, mais n’en explique pas le substrat neuronal, ni au moment de son émergence, ni pour expliquer sa fréquente permanence. La neurophysiologie tend à l’expliquer.
- De même, « les activités intellectuelles et affectives » sont constatées par l’anthropologie, mais commencent à être expliquées par les interactions constantes et complexes entre les différents étages des cerveaux gauches et droits. C’est la même zone limbique qui est sensible à musique de Mozart et à celle de Brahms, mais pas de celle de Schoenberg par exemple, qui relève plutôt du cortex préfrontal …
- Il n’y a pas de « croyance rationnelle » : elle est émotionnelle, même si elle est ensuite rationalisée. Seule la pensée est rationnelle. L’athéisme, par exemple.
- Il est évident que les substances hallucinogènes perturbent d’abord le cerveau émotionnel, puis le cerveau rationnel, ce qui induit « une autre réalité », ou plutôt, selon moi, une autre manière de percevoir la réalité.
- Le fait que « les enseignements religieux peuvent avoir un effet moralisateur »
n’implique ni leur véracité, ni la bonne foi de ceux les imposent, conscients qu’ils sont
d’exclure toute alternative laïque, ce qui aboutit en effet souvent aux « catastrophes du
fanatisme religieux ».
- Les « mythes rationnels » que sont les idéologies, même athées, procèdent à mes yeux d’une soumission religieuse initiale à des « vérités » imposées. C’est également le cas de la scientologie : ses adeptes sont souvent des croyants déçus par leur religion initiale mais toujours en quête de sens à donner à leur existence. Ils n’ont hélas jamais eu l’occasion d’entendre parler d’humanisme et de spiritualité laïques, par exemple …
Michel THYS