La burka, le niqab, le voile islamique, la kippa, le turban, … sont-ils prosélytes ?
La question fondamentale n’est pas de savoir s’il faut ou non légiférer sur le port de la burqa et du niqab, mais bien, à mon avis : quelle est la place des musulmanes dans notre société ?
Question délicate, parce qu’elle touche à la subjectivité et à l’intimité, et qu’elle peut même être perçue comme dévalorisante, voire insultante, lorsqu’on se demande si c’est « en toute liberté » que les musulmanes portent ces symboles de soumission et d’obéissance : nous sommes toutes et tous persuadés d’être « libres » … !
Sans porter de jugement, la question me paraît pourtant ne pas pouvoir être éludée : les musulmanes, même de chez nous, ont-elles pu vraiment « choisir » de croire ou de ne pas croire, en connaissance de cause, c’est-à-dire en étant informées aussi bien des alternatives proposées par d’autres religions que par celles de la laïcité philosophique ?
Ont-elles eu la possibilité de changer de religion ou, au contraire, de choisir le déisme, ou l’incroyance, ou l’agnosticisme, ou l’athéisme, conformément à l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits Humains de 1948 ? : "Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction (...)".
Il est évident que non, d’autant moins que l’apostasie est théoriquement punie de mort par le coran pris à la lettre et par la charia … Ce « droit » me paraît donc plus symbolique qu’effectif.
C’est que, dans toutes les religions (mais plus encore dans l’islam), l’éducation religieuse familiale, certes légitime mais affective et unilatérale, laisse des traces indélébiles dans le cerveau émotionnel, confirmées par IRM fonctionnelle, et anesthésie, à des degrés divers, le cerveau rationnel et donc l’esprit crique et le libre arbitre ultérieurs, dès qu’il est question de religion, donc indépendamment de l’intelligence et de l’intellect.
L’éducation coranique en témoigne hélas à 99,99 % ... : même universitaires, la quasi-totalité des musulmanes portant le voile (j’aimerais me tromper !) sont sincèrement convaincues d’avoir librement choisi cette soumission. Elles semblent imperméables à toute argumentation rationnelle ou scientifique, par exemple à propos du créationnisme.
En bref, le « respect d’autrui » devrait impliquer celui de la liberté de conscience et de religion. Certes, la laïcité « politique », en France, vise à séparer les religions et l’Etat, et théoriquement, la Constitution est censée "garantir" la liberté de conscience et de religion.
Mais en pratique, rien n'est fait pour favoriser l'émergence de cette liberté, dès l'enfance.
On n'enlèvera sans doute jamais aux parents le droit légitime, mais unilatéral, d'imposer leur religion à leurs enfants. Par simple honnêteté intellectuelle, l'école devrait donc compenser cette influence affective en proposant une information minimale, objective et non prosélyte à la fois sur les différentes options religieuses ET laïques, à la fois sur le "fait religieux" (dont l’incitation à la soumission que toutes les religions ont en commun), ET sur le "fait laïque" (l’humanisme laïque, les options laïques, la morale laïque, la spiritualité laïque, …).
Mais les religions, du fait de leur prétention à détenir chacune LA Vérité, s'y opposent, de même que les politiciens, par crainte de perdre des électeurs ...
Par conséquent, à mes yeux, tout prosélytisme est condamnable parce que, par définition, il est unilatéral. Il exclut en effet toute alternative qui permettrait de choisir aussi librement que possible, par exemple, de croire OU de ne pas croire.
Parfois par manipulation mentale ou endoctrinement sectaire ou religieux, le prosélytisme cherche à convaincre, à imposer dogmatiquement « LA Vérité absolue », en occultant les éléments d’appréciation en sens contraire, alors que la « vérité » n’est jamais que personnelle, partielle et donc relative et provisoire.
Le prosélytisme, quel qu’il soit, est donc une malhonnêteté intellectuelle et morale.
Certes, le port de signes religieux n’est pas en soi prosélyte, mais leur multiplication insidieuse exprime une volonté de les banaliser et ainsi de réinvestir hypocritement l’espace public afin que les prescrits religieux soient de plus en plus pris en compte chez nous.
Les religions profitent évidemment de notre conception laxiste et électoraliste de la « tolérance » et de la « neutralité »…
La seule parade au prosélytisme (aussi bien intellectuel que publicitaire notamment), c’est de développer l’esprit critique, le doute systématique, à tous égards, dès l’école primaire.
Mais vous écrivez : « La religion est une affaire privée, en ce sens qu’elle relève d’un choix privé, personnel, et que les autres (…) ne doivent pas intervenir dans ce choix ».
Vous semblez perdre de vue une évidence : un choix ne peut se faire qu’entre plusieurs alternatives ! On ne peut choisir que si l’on a connaissance d’options différentes.
L’islam, surtout, en témoigne hélas a contrario : plus que toute autre religion, il impose la soumission à un dieu unique et à une texte « sacré ». Si les musulmans étaient libres de choisir de croire ou de ne pas croire, on rencontrerait évidemment des agnostiques, des incroyants et des athées en terre d’islam …
Puisse la question du port de la burqa, du niqab, mieux que celle du voile islamique, devenir le catalyseur d’une réflexion approfondie, afin que les différentes communautés recherchent enfin des valeurs communes et universalisables, parce que bénéfiques à tous, ce qui aboutirait à un meilleur « vivre ensemble » et à une citoyenneté responsable !
Dans mon blog michel.thys.over-blog.org, j’exprime une approche inhabituelle du phénomène religieux (psycho-neuro-physio-génético-éducative).
Je ne prétends évidemment pas avoir raison : je n’exprime qu’un point de vue différent.
Cordialement,
Michel THYS, à Waterloo.
Michel THYS 06/11/2009 14:32
Raphaël Zacharie de IZARRA 05/11/2009 23:12